Lettre à vous,
Cette lettre n’a pas comme épilogue de vous faire renifler de
la grâce. Mais carrément de vous faire connaître qu’on n’a pas besoin d’être
gay pour avoir faim à l’idée d’une société avec plus de tolérance.
Je me présente.
Je suis cette maman qui passe pour la gardienne de ces
propres enfants. Celle qui était impatiente d’être « grande » et d’aimer
inconditionnellement.
L’ignominieuse génitrice qui s’instruit, qui travaille et qui
entretient la prochaine génération en même temps, dans la même journée. Cette
créature qui d’un bras pétrie une pâte à pizza pendent qu’elle signe des
déclarations afin de jouir des même droits d’habitation que la majorité de
notre belle (vomi) société.
Parce que oui,
je
suis la voisine dans cette maison louer
trop petite au look taudis mal entretenu
par un propriétaire alcoolique qui se fou de tout.
Celle qui travaille pour batir l’alternative
et non un loyer miteux
à 1200$ par mois.
Mais qui y va
lentement, parce prit entre la passion et l’ambition, l’école s’éternise. Perdu
dans ce système scolaire qui demande trop de niaiserie. Anticonformiste; personne ne veut de mon curriculum
vitae. Je suis précurseur à chaque fois qu’on me change de poste.
Je suis blanche, ni trop grande, ni trop grosse. Mon vécu n’est ni pire, ni banal. J’ai eu des
bonnes expériences, d’autre moins résultante. Je suis une personne qui parle de
communautaire, de collectivité, de coopération et de solidarité.
Dans la rue, on me regarde comme si j’étais la honte du
village. J’ai même eu des journées ou on m’a pointé du doigt.
Honnêtement, c’est moi qui s’indigne. Honte de contribuer à
votre déchéance démocrate. Déshonorer de
construire une putride collectivité dans laquelle la défaite et le dépression sont
à l’agenda. Corruption, lâcheté, misère,
petitesse, payé par le peu de revenu qui
me reste.
Humilier de dire : « Moi, j’habite à Lévis. »
La ville ou seule poussent les condos et
là ou coopération veut dire; institution financière par laquelle on se
fait défoncer occultement et
financièrement.
Une société, un concept, une thématique qui n’est pas la
mienne mais où on me tient librement prisonnière avec une chaîne. Un décor sans
alternative, assortiments et sans prédilection.
Scénario de nomination mensongère,
gouvernement illusoire.
Malgré ma vision des choses, malgré mes choix et malgré mes
vomissures sociales; je n’ai pas fait brûler vos maisons, ni détruit vos
ambitions et je n’ai pas fait caca sur votre perron. Je n’ai pas souillé vos femmes, ni démuni vos
hommes. Venant de ma part, c’est une offrande.
En bref, je voulais parler de tolérance. Parce que comme
vous le voyez, mes très chers voisins capitalistes, vous n’êtes pas seul. Tout
le monde ne veut pas être vous. Je vous comprends
quand je vous vois à la télévision en train de hurler contre ci ou ça.
Parce qu’au fond de moi-même; vous êtes mon intolérance.